C’est la première journée, depuis que je suis ici, qu’il pleut. Il y a quelques jours, j’ai eu rendez-vous au centre social avec Emily, sa responsable. L’idée était de préparer ensemble des séances au cours desquelles je pourrais rencontrer des usagers et parler écriture, ensemble. J’ai pu y rencontrer plusieurs bénévoles qui, comme le sont souvent ce genre de personnes, ont été particulièrement sympathiques, accueillants. Bienveillants. Ce genre d’ambiance qui donne envie de s’engager. Nous avons convenu que je reviendrais co-animer/participer à un atelier d’écriture avec M. Et ce fut aujourd’hui. Au-delà du fait que tout s’est parfaitement passé, c’était l’anniversaire de D., qui avait rapporté de quoi faire un apéritif en fin de séance. Rien de plus simple et de plus agréable que ce moment où nous avons pu échanger, nous rencontrer, et planifier une séance supplémentaire imprévue que j’animerais, seul, en juin. Ce type d’atmosphère serait presque reposant pour l’esprit. Je me sentais à ma place.
Aussi, je retiens de cet atelier l’espace dans lequel il a été mené. Le centre social. Si on a volontiers coutume de lui apposer l’étiquette d’un centre pour personne « défavorisées » (ce qui, en soi, ne veut pas dire grand-chose), dans l’absolu, le centre social est d’abord un centre… social, au sens étymologique du terme (« le compagnon »). Il est un lieu de rencontres. Pour tout le monde. Absolument tout le monde. Sa mission ? Créer du lien, tout simplement. Et de fait, alors que je me ressers du vin pétillant que je n’avais pas prévu de boire en arrivant, je comprends qu’ici, tout n’est pas prétexte à célébrer. Tout est prétexte à être ensemble. Alors qu’on ne se connaît pas, P. Et D. vont jusqu’à me proposent de me véhiculer si besoin, et même de m’accompagner pour tester des restaurants de la région (j’ai d’ailleurs découvert « La Brigade du goût », une association de restaurateurs dans la région).
Une expérience similaire s’est produite dans l’après-midi, alors que je remontais la côte, mes sacs de course à la main. Un habitué du café, dont je réalise que je ne connais pas le prénom, s’est arrêté avec sa voiture. Comme si on se connaissait depuis des années, il m’a salué. Il allait dans la direction opposée, mais m’a proposé de faire demi-tour pour me ramener « chez moi ».
Est-ce que je suis dans cette dynamique d’ouverture ou est-ce une vignette commune au territoire ? En tout cas, force est de constater que le social, ici, est partout. Même lorsqu’on rentre de Carrefour.