Je ne sais pas exactement ce que je vais raconter, mais me voici attablé au Duplex, rédigeant mon premier texte à Lafrançaise. Un journal de bord, l’idée me semble ne pas manquer de panache. Mon idée ? Raconter le territoire, tisser des liens avec celles et ceux qui y vivent. Et en rendre compte, ici, en toute transparence. Le tout, jamais sans quelques anecdotes qui, je l’imagine, risquent bien de se produire, comme pour quiconque découvre un lieu qui lui est étranger.
Mais commençons par les premiers pas. Ceux qui donnent sa couleur à un début de séjour. Ce matin, j’ai rencontré C., qui tient le magasin de fruits et légumes à quelques numéros de « chez moi ». Je ne connais pas encore bien la région, et j’ai oublié le nom de la ville où elle réside, mais j’ai cru comprendre qu’elle avait installée sa boutique il y a peu. Dans le prolongement de son activité, elle envisagerait, je crois, de se rapprocher de Lafrançaise. Une première rencontre avec les « locaux » en forme d’introduction. Je ne suis pas encore plongé dans le cœur de la ville. Mais ça ne va pas tarder. Céleri en main, je repars chez moi : j’ai une réunion à la maison intercommunale.
À 11h30, j’arrive dans la salle qui accueille tous les acteurs et les actrices principaux de ce qui fait le cœur du territoire. En bout de table, M. Le Maire, dont je sens qu’il est éminemment sympathique. Je ne dirais pas que ça me rassure, mais disons qu’on est toujours plus à l’aise lorsque les gens sont aimables. Très basiquement, un peu maladroitement, j’expose mon projet à cette tablée. C’est officiel, mon visage et ma présence sont désormais connus. Me voici Lafrançaisain pour un temps.
Très vite, après que je lui ai fait part de mon envie de le suivre quelques heures dans les semaines à venir, M. Delbreil me convie ce jour même à une réunion de chantier, au niveau de la Guinguette. L’enjeu est, pour lui, de faire le point sur ce projet d’aménagement et de réhabilitation de la vallée des loisirs. Sur le papier, j’ai un étonnement assez ridicule lorsqu’il me dit que la plupart des infrastructures seront prêtes cet été. Je vois mal comment tout ce chantier pourra se transformer en pôle d’attractivité en quelques semaines. Mais je me reprends très vite, puisque ça n’est, jusqu’à preuve du contraire, pas mon métier.
Le maire m’indique les endroits où se trouveront les futurs bassins, le plumtrack, les jeux d’eau, et nous enchaînons très vite sur ce que l’on appelle une réunion de chantier. Je sais que je fais tache, je ne suis même pas persuadé de savoir ce que je suis censé faire au milieu de ces gens qui parlent d’une chose qui ne me concerne pas. Mais je comprends très vite qu’au-delà de la réunion concrète, l’idée est ici que j’observe de quelle manière le lien (l’une des raisons pour lesquelles je suis là) va se créer. Ce lien passe par cet endroit, véritable point de chute des habitants de la région lorsque les beaux jours arrivent. Un lieu stratégique, donc, et c’est aussi la raison pour laquelle je me suis décidé à faire le tour du lac malgré la pluie. L’ancien campagnard que je suis ne s’en est trouvé que plus ravi.
Parmi les informations qui m’ont marqué (pour une raison évidente), j’ai noté que le bois qui est actuellement récupéré sur le chantier est utilisé pour la chaufferie (inaugurée il y a peu), qui chauffe, elle-même, les structures alentour (Ehpad, crèche, etc.). De toute évidence, l’élargissement de ce principe (qui me semble éminemment actuel, et franchement intéressant) à toute la commune est en cours.
Alors voilà, je suis en terrasse, il pleut, je suis bien, et je comprends peu à peu que mon arrivée ici n’est pas un engagement de fond. Il est l’établissement d’un relais entre les habitants et, pourquoi pas, une manière de donner à voir le territoire sous un angle que certains d’entre vous ne connaîtront pas. De mon côté, il semble assez évident que je ne connais rien. J’ai hâte de rentrer à Paris plus Lafrançaisain que jamais.