Journal de résidence : mercredi 14 mai 2025

Jour de marché. Mon préféré, définitivement. Il y a des airs de dimanche dans ce lien que les gens construisent entre eux. Une douceur de vivre, oui, définitivement. Il fait beau, je suis à la terrasse du Duplex, mon panier de provisions à côté de moi. Voilà déjà une semaine que je suis ici. 

Il y a un groupe de gens d’ici, que L., la tenancière du café, me présente : « Parlez-vous, vous aurez des choses à vous dire. Ils sont nés ici ». 

Et ça ne loupe pas. Le petit groupe est éminemment sympathique. Notre conversation n’a que peu d’intérêt ici, mais, alors que je suis reparti à mes occupations de mon côté de la terrasse, mon oreille capte des bribes de leurs échanges. Je prends un morceau au vol. J’entends vaguement que dans la région, la coiffure à domicile remplace peu à peu les salons. J’ai l’impression d’être loin des petits questionnements de Paris, où la concurrence dans le domaine tient dans davantage le concept de « bar à cheveux » et autres « coloristes de stars ». Ici, les enjeux de préoccupation tiennent davantage dans la question des déplacements et des services qu’à celle de divertir un public en manque de contenance.

Plus tard, je rencontre cet homme, très barbu, à la voix qui trahit sa vie passée, J-P, je crois, qui, avec son ami E., écrit des textes. Je lui conseille de regarder ce que propose Confluences, puisque la semaine dernière, j’ai pris un car, j’ai traversé un morceau du pays pour me rendre à une soirée de lecture à voix haute, organisée dans les locaux de l’association. En bref, le type de soirée qui pourrait mettre un pied à l’étrier à J-P. ou, au moins lui donner un peu de vigueur intérieure quant à ses talents d’écrivain (que je ne connais pas, je le précise !). Il me dit qu’il va leur écrire. Je suis l’initiateur d’un bon plan dans la région. Mon premier. 

Est-ce lui ou est-ce un autre, je me souviens également que quelqu’un, grisé par mon statut d’écrivain, a commencé à me réciter de mémoire certains de ses vers. Je l’ai noté sur une note de mon téléphone. J’aimerais me souvenir de qui ces mots sont. Les voici tout de même : « Je ferais de ma vie l’escorte de la tienne. Si tu m’aimais un peu, si tu voulais de moi, je n’aurais plus de Dieu, mon âme serait tienne. »