Si, il y a deux jours, je travaillais avec des adultes, aujourd’hui, c’est au collège Antonin Perbosc que je me suis rendu. Avant d’en parler, la question de l’identité de cet homme s’est posée. Qui était-il ? J’ai cherché pour vous !
Il s’agit (s’agissait) d’un ethnographe et poète occitan, né à Labarthe et mort à Montauban. C’est donc lui qui a donné son nom au collège de Lafrançaise. Puisqu’on ne change pas une équipe qui gagne, j’ai beau essayer d’être à l’heure (et parfois même en retard), je finis toujours par être en avance. Au moment d’arriver sur le parking du collège, j’ai donc le temps de contempler le chemin que j’aurais pu (dû) prendre depuis le début pour aller à Carrefour, qui m’aurait évité bien des suées en remontant avec mes sacs de courses lors de mes premiers jours.
Ceci étant dit, je suis rejoint par N. de l’association Confluences, ainsi que par S., qui gère le CDI de l’établissement. C’est la première fois que je fréquente un public de collégiens (en l’occurrence, une classe de 5e). Il y a encore un mois, j’étais en résidence au sein d’un lycée de Strasbourg, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un public largement différent. Ici, les élèves sont encore des « enfants » (toutes proportions gardées sur ce terme, évidemment), et il me semble que l’emplacement géographique du collège, hors d’un centre ville, apporte une texture supplémentaire à l’état d’esprit général. Pour le dire simplement : je suis persuadé que tout va bien se passer.
Je rencontre L., la professeure de français qui se charge de la classe en question à cette heure-ci. L’idée ? Organiser un atelier d’écriture autour du thème « Lettre à mon lieu », qui fonde l’un des piliers de mon projet de résidence. En deux mots, il s’agit, pour les élèves, d’écrire une lettre à un endroit qui leur est cher, mais aussi, pourquoi pas, qui leur a laissé de mauvais souvenirs, dans lequel ils aimeraient retourner, etc. Bref, l’enjeu est de lier émotion et territorialité. Je précise et insiste sur le fait qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire. C’est le principe et la beauté de l’écriture. Très vite, je réalise également que le temps d’attention et de concentration d’un collégien est bien différent de celui d’un lycéen. De ce fait, le cours ne se compose pas de la même manière. N’étant absolument pas pédagogue et encore moins doté d’une autorité naturelle, je bénis la professeure d’être à nos côtés, afin de cadrer un peu ces deux heures qui se seraient transformées en véritable chaos/fourre-tout/bazar si j’en avais été le seul aux commandes.
Lors de la restitution de cette résidence (le 13 juin à 17 heures à la médiathèque de Lafrançaise), nous aurons l’occasion de voir la plupart des textes imprimés et illustrés, mais aujourd’hui, certains ont commencé à nous lire quelques bribes de leurs écrits. Il est assez doux de les voir se débattre avec les mots et les émotions, ensemble, pour les transmettre. Une transmission, oui, en forme de tâtonnement, qui est plus que jamais émouvante à entendre. J’ai hâte de pouvoir lire tous les textes finalisés. À la fin d’heure, une élève, avec qui je n’avais pas tissé de lien plus que les autres au cours des deux heures, vient me voir, et me tend un papier où il est écrit « merci d’être venue » (avec un « e », oui). Il n’y a rien de plus symbolique, lorsqu’on intervient dans une classe, qu’on ne sait pas où tout ça nous mène, que ce genre de cadeau. Je déplie le papier, et, si je ne peux m’empêcher d’y voir des fautes, un sourire se dessine sur mon visage quand je le lis :