Journal de résidence : mercredi 7 mai 2025

Jour de marché. Un jour important, comme souvent dans les cités qui ont une âme. Ce matin, j’ai prévu de passer la journée à écumer les différents stands. Tout ça m’a coûté quelques euros, mais j’ai pu prendre le pouls du cœur de ville. Celui qui vit le mercredi et le dimanche. 

J’ai discuté avec un fromager, des primeurs, un caviste, j’ai acheté des courgettes de Lafrançaise, du vin de la région (d’un vigneron de Barry-d’Islemade dont j’ai oublié de demander le prénom). Plus que jamais, ce jour réunit du monde, puisque je n’ai jamais pu autant solliciter les locaux que ce matin-là. Est-ce la raison pour laquelle je me suis retrouvé à boire quatre verres de vin à la terrasse du Duplex, sous prétexte que je voulais discuter avec les habitants ? Peut-être. Le fait est qu’au-delà de mon tropisme pour la boisson, j’ai pu non seulement connaître le prénoms des propriétaires du café, mais aussi rencontrer G., dont l’une des filles travaille à Paris, T., qui organise un festival de musique (où je ne pourrais me rendre car la prochaine date est en juillet), bref, j’ai pu refaire le monde et comprendre celui de celles et ceux à qui je m’adressais. Je crois que c’est pour ça, aussi, surtout, que je suis là.

Parmi les constats les plus marquants, il y a, bien sûr, cette proximité. Je m’y attendais, je viens d’un village beaujolais encore moins grand que Lafrançaise. Mais j’ai désormais 32 ans, et ces années sont loin. Je ne me souvenais pas à quel point un rendez-vous aussi simple qu’un marché catalysait autant d’énergies. La terrasse du café était sans cesse pleine, sans cesse en mouvement, et moi, immobile, je me contentais d’observer. Bon nombre de gens se connaissent, d’autres ne semblent avoir pour lien que leur présence ici un mercredi, d’autres encore font connaissance par le biais de l’ami commun assis en terrasse.

Le mercredi est un jour de socialisation, et, oserais-je dire, un jour de fête. En tout cas, il faut s’attendre à me croiser au Duplex toute la matinée durant cette résidence, car vous comprenez, il s’agirait de parler avec les gens. Le vin sera un supplément. Mais je n’affirme pas qu’il n’y en aura pas à ma table.