Une première semaine s’achève. J’ai l’impression de n’avoir rien fait. Et pourtant, j’ai déjà vécu beaucoup trop d’expériences pour quelques jours seulement. D’expériences, mais surtout de rencontres. Avant-hier, il y a eu le libraire, et celle que j’ai imaginé être sa femme, derrière le comptoir de la boutique. Nous avons échangé un peu, je me suis présenté, il a pris mes coordonnées et évoqué l’organisation d’une rencontre, ensemble. C’est exactement la raison pour laquelle je suis ici : vivre des moments comme ceux-ci, où quelque chose se construit sans l’avoir réellement prévu.
Le lendemain, je me suis posé en terrasse pour lire et, comme souvent depuis que je suis ici, j’ai laissé mon esprit divaguer. C’est de cette manière que je suis tombé sur P., un parisien originaire de la région (Sauveterre, exactement). S’il ne travaille pas dans le domaine à titre personnel, il m’a toutefois parlé des enjeux du territoire du côté de l’agriculture : la production très riche de fruits, la baisse du nombre d’habitants dans certains village à la faveur des citadins et/ou des résidences secondaires, de plus en plus nombreuses. Une heure plus tard, au même endroit, je rencontre A. Elle vit ici, sa voiture a brûlé pour une raison que je ne connais pas, elle n’a plus de travail, elle cherche dans le social, et, sait-on jamais, peut-être que ce journal de bord pourra lui être utile si quelqu’un a besoin.
Une heure plus tard, encore, je fais la rencontre d’un groupe d’amis, dont je comprends très vite qu’il vont également devenir les miens, ou disons : plus qu’une simple conversation de comptoir. Ils sont quatre, cinq, six, puis quatre, puis des enfants arrivent, repartent. Il y a, dans ce groupe, l’essence même d’une vie de village saine et agréable. De ces états d’esprit qui me rappellent mon enfance beaujolaise. On ne se connaît pas, je ne sais rien d’eux, ils ne savent rien de moi, mais je me sens plutôt à ma place. Très vite. La soirée s’éternise, nous finissons par dîner ensemble, continuons à refaire le monde sans autre souci que celui du moment présent. En rentrant chez moi, je me dis que si c’est ça, Lafrançaise, je pourrais signer pour quelques semaines supplémentaires.